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Athènes : Syntagma, l'agora capitale

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Athènes : Syntagma, rencontres avec le peuple Grec

Si vous voulez dialoguer avec des Grecs, si vous voulez comprendre ce qui habite leur âme, ce qui les fait réagir, ce qui les amuse... ne perdez pas de temps, allez passer une journée entière sur la place Syntagma (place de la Constitution). Vous ne pouvez pas vous tromper : tous les principaux axes urbains mènent à ce vaste carrefour légèrement pentu, au centre de la capitale et donc au coeur du pays tout entier.

 

Promenez-vous, asseyez vous près des jardins ou à la terrasse d'un café, et observez la Grèce en mouvement. Une certitude : vous ne verrez pas le temps passer.

 

Le spectacle est composite mais permanent et vous amène à bien des surprises et quelques émotions profondes. Tiens, prenez ce matin. Un matin comme les autres. La température est agréable. La circulation infernale, bien sûr. Le brouhaha du concert de klaxons est une marque de fabrique, ici. 

Busy ! Busy !

 

Sur le terre-plein, on croise les jeunes adultes Athéniens et Athéniennes, tenues de bonne coupe, coiffures, lunettes, bijoux discrets mais trendy ; bien sûr, le smartphone, prolongement naturel du bras, est bien ancré dans la main. Tous se dirigent avec hâte, tels des météores, dans le métro qui semble les engloutir avidement. Busy ! Busy ! Syntagma nous rappelle à son rôle de pôle économique. 

 

Plus curieux, un petit groupe d'anarchistes baba-cool, squatte le centre de la place avec une barricade de banderoles revendicatives :  on y requiert un monde meilleur avec force invectives politiques et parfois poétiques. Malgré l'usage d'un mégaphone nasillard mais fortement décibélique, les messages, il faut bien le dire, laissent indifférents la plupart des passants. 

 

Plus loin, des groupes chamarrés de touristes s'attardent à composer une mémoire "selfique", autoportraits égocentriques forcément inoubliables, auprès de la bonne grosse fontaine bruissante de ses municipaux jets d'eau rafraîchissants. 

Laissons de côté ce couple de journalistes TV, réalisant un énième micro-trottoir, - contestable "thermomètre social" -, caméra au poing, auprès de passants-citoyens sur une question d'actualité médiatiquement brûlante. Peu importe les réponses. On remarquera plutôt, le jeu d'évitement des badauds, peu enclins à montrer leur figure sur une chaîne publique nationale. 

Hospitalité 

 

Et puis, naturellement, vous voudrez vous asseoir sur les sympathiques petites rambardes en pierre qui bordent les faméliques jardins. On vous laissera volontiers de la place. Chacun se pousse sans maugréer. La célèbre hospitalité grecque n'est pas morte avec la mondialisation. Cela rassure. L'occasion est bonne de discuter avec les habitués : les plus jeunes, les retraités, les chômeurs et les réfugiés venus des quatre coins de la planète.

Justement, à quelques mètres, vous voyez un jeune homme en pantalon blanc, les yeux fermés, en train semble-t-il de psalmodier une bien curieuse litanie. Profitant du jeu des chaises laissées libres, vous vous approchez de cet énigmatique personnage. Il tient dans la main, une sorte de calepin qui pourrait être son bréviaire. Chut : écoutons : "baide, brikfeust, Goude morening, baide, brikfeust, Goude morening ..." Le récitant s'inculque les mots anglais avec application. Puis, très tenace, il attaque une autre liste "Pou iné to odos Stadiou ? ; O Giorghos iné symbassitikos, ...". Ce courageux migrant prépare avec beaucoup de sérieux son intégration européenne.

Errances

Puis, une vielle dame édentée vient vers vous en boitillant légèrement. Un problème de hanche, visiblement mal soigné. Elle ne demande pas d'argent. Elle a fait venir une chienne errante qu'elle tient par le cou, et me demande si je peux la prendre pour compagnie. Un monsieur, assis auprès de moi, m'explique que ces chiens ont été délaissés par leurs propriétaires parce qu'ils n'ont plus les moyens de les nourrir.

 

Leurs errances les mènent en nombre sur cette place ou jeunes, retraités, touristes et aussi pauvres bougres déclassés leur glissent  quelques friandises et quignons de pain. Mon voisin m'indique aussi, que les services municipaux viennent prélever quelques chiens vers 18 heures chaque soir. Qu'en font-ils ? Le monsieur ne dit rien. Ses yeux regardent en l'air. Il a l'air très ému. J'ai compris.

 

Ces malheureuses bêtes ne viendront pas demain sur la place Syntagma. Elles seront au paradis des chiens. Autres tristes victimes de la crise économique. 

Ninjas de Syntagma

 

Subitement, on annonce l'ouverture de l'exposition consacrée aux massacres des Arméniens et aux dramatiques déplacements des populations greco-turques entre 1922 et 1924. Une exposition en plein air, au coeur d'Athènes, ouvertement contre le voisin Turc, 

c'est plutôt..., comment dire ? ... diplomatiquement gonflé ! 

 

On retrouve la Grèce qui n'oublie pas son terrible passé (les différentes occupations, les exils forcés, les coups d'Etat militaires, les procès truqués, les prisons...). Même si l'on entend ici parfois quelques remugles de groupes minoritaires fascistes, il semble que majoritairement le peuple Grec est farouchement épris de liberté et clairement dans le camp des défenseurs des droits de l'homme.

 

Quelques passants qui passent, décident de s'arrêter et d'ausculter les documents affichés. Des guides sont là pour apporter des compléments d'informations. Si vous remarquez bien l'attitude des Grecs face à leur passé, vous verrez sans aucun doute quelques personnes plutôt âgées, repartir de l'expo d'un pas plus lent, avec les yeux noyés de larmes. Les cicatrices de l'histoire ne sont pas toutes refermées.  

 

On peut aller voir aux pieds du grand palace d'Athènes, le "Grande Bretagne", des démonstrations quotidiennes de Ninja Warriors. Un véritable festival gestuel acrobatique d'inspiration asiatique. Les Ninjas de Syntagma sont agiles et reprennent à votre demande et avec grand plaisir les figures de la démonstration que vous avez aimées. Mm'oui ! La Chine joue en Grèce un jeu de séduction très subtil. 

 

Vous finirez votre séjour en admirant un autre ballet : celui des evzones, bien connus des touristes. Et puis, vous irez déguster quelques plats délicieux dans les estaminets recommandés par votre guide. Prenez des forces. Demain, la place Syntagma 

bouillonnera aux sons des manifestations du 1er mai. Entre cortèges, banderoles, oriflammes, pancartes et autres ballons de baudruche, on y verra même Mickey croiser Castro et Chavez !  Un curieux attelage qui, ici, ne choque personne.  

 

Oui, à Syntagma, tout est possible. 

 

  

Dominique Milliez

 

 

​© 2023 par VIE URBAINE. Créé avec Wix.com

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